

Auteur, graveur, conservateur des bibliothèques
Matthieu Tarpin est né à Grenoble en 1997. Après des études de philosophie, il exerce plusieurs petits métiers avant de devenir conservateur des bibliothèques. Encouragé très tôt par sa famille, il écrit dès son plus jeune âge, d’abord de la poésie, puis des fictions courtes, et s’essaie à la gravure. Profondément marqué par sa région d’origine, il se nourrit des légendes populaires et des paysages alpins pour mieux y ancrer ses textes.
Durant ses études à Paris, il se plonge dans la littérature fantastique, et découvre le réalisme magique au travers de Gabriel Garcia Marquez. Ces lectures donnent une nouvelle direction à son travail. Il développe une approche de la narration inspirée de Jorge Luis Borges, où l’on sent le jeu des références bibliographiques fantaisistes ou authentiques, et où les paradoxes logiques sont les personnages principaux. Son recueil de nouvelles, Hérésies, est publié aux Presses Inverses en 2023. Comment gelèrent les mots de Maria Gentile est son premier roman et sera suivi par un deuxième, Les Flagellants des Baumes.
Le petit village de Saint-Jean-du-Lac, isolé au fond de sa petite vallée, n'a pas bougé depuis des siècles. Quand la petite Maria Gentile découvre, dans un livre du XVIè siècle, le récit complet des prochaines années, chaque événement, chaque naissance et chaque mort, elle garde pour elle ce terrible secret. Au fur et à mesure que les années passent que les prédictions se révèlent vraies, Maria se renferme toujours plus, et sent monter en elle un grand froid.
Ni les soins de son époux, l'érudit Maxilimian Tibur, ni même la naissance de ses enfants, l'invention de l'électricité ou l'arrivée d'un magicien au village, ne parviennent à guérir Maria de son mal. L'immortel Maurice Tremblay parcourt le monde en montgolfière, le bûcheron Francis Bergerolle adopte deux enfants trouvés dans un arbre, et, pendant tout ce temps, Maria demeure muette, spectatrice impuissante du destin qui se déroule sous ses yeux.
C'est bien des années plus tard que sa fille Lucia, déterminée à comprendre le mal qui ronge sa mère, va faire la lumière sur ce demi-siècle de prophéties, et se mettre à la recherche du livre perdu.
Comment gelèrent les mots de Maria Gentile paraîtra le 13 novembre 2025 aux Presses Inverses.
"Piotr Guerevitch dessaoulait en traînant des pieds, de long en large dans les pitoyables couloirs de l’Hôtel des Trois Marais, rue de Bologne. La soirée l’agaçait, il ne supportait plus les constantes lâchetés de Michel le Florentin, ses moqueries, ses remarques, son visage de fouine. Michel, qu’il appelait Mikhaïl quand il avait bu, avait été jadis son camarade à l’école des Artificiers. Ils s’étaient tout d’abord liés par la curiosité réciproque, l’un russe orthodoxe déraciné, l’autre dandy jouant de sa naïveté parmi les cadets. Piotr n’avait pas trouvé le jeune homme sympathique, mais c’était parce qu’il avait pitié de lui, parce qu’il entendait les railleries des autres élèves, qu’il avait décidé de le protéger. Sans doute, dira-t-on, ce geste était égoïste : Piotr Guerevitch se sentait l’aura d’un protecteur.
Les années de formation n’avaient pas été tendres pour Piotr. Il reçut en novembre le courrier officiel lui annonçant la mort de sa mère, assassinée par la police politique pour une histoire de rébellion, et en janvier, son frère aîné mourut d’une bronchite mal soignée. Michel le Florentin se rapprocha de lui à cette dernière occasion, et l’emmena boire dans un boui-boui sordide et triste, où l’on passait du jazz enfumé en buvant dans des verres sales des alcools exceptionnels. Piotr Guerevitch prit ainsi goût à la compagnie du jeune français, et apprit à déguster les plus grands crus comme s’ils avaient été de l’eau.
Ils devinrent amis ; l’amitié passa, elle se mua en désintérêt. L’intérêt revint, devint mépris, le mépris se fit haine. En juin, sans que l’on sache ce qui motiva le geste, Piotr Guerevitch gifla Mikhaïl, qui le gifla en retour. En gentilshommes, ils décidèrent qu’un duel devrait les séparer."
Extrait du recueil Hérésies, paru aux Presses Inverses en 2023.
Echoué sur les côtes d'Agramante, un géographe entreprend de cartographier ce nouveau royaume. Humaniste passionné par son métier, il recense tout ce qu'il voit, apprend à naviguer la politique complexe de ce pays, et en découvre les coutumes.
Pendant ce temps, une jeune espionne de Frénès reçoit l'ordre d'infiltrer les Flagellants, mystérieux mouvement religieux et politique qui lutte pour l'indépendance.
Roman, à paraître en 2026 aux Presses Inverses
"Et moi je sors de me taire avec plus d’assurance. Je danse, sans songer
à la pluie, pour marcher plus loin.
Tête nue pour ne plus brûler – ça y est c’est la
paix maintenant le feu cesse a cessé –
dans l’urgence de vivre."
Recueil de poésie accompagné de gravures, à paraître en 2026, aux éditions de La Crypte.
matthieu.tarpin@gmail.com